L’alimentation du bétail humain était un facteur essentiel à toutes les étapes de la traite.
Il convenait en effet que les esclaves offerts à la vente ne soient pas dépréciés… Lors du « passage », c’est-à-dire lors de la traversée à bord du bateau, tout esclave qui refusait de s’alimenter, quelle qu’en soit la raison, était puni. Mais, de même, l’obésité était mal appréciée. Quelle diète leur était-elle donc réservée à bord ? Une diète étonnamment équilibrée pour l’époque si l’on en juge par les divers témoignages écrits. Ainsi,les protéines, apportées par les poulets, viandes et poissons séchés ou salés achetés lors des différentes escales ;
les graisses sous forme d’huile de palme et même, selon certains auteurs, de
beurre ;
les hydrates de carbone abondants dans la bouillie de manioc, de mil et de fèves
(le gruau), le riz, les ignames, la canne à sucre, les bananes et… le pain transporté
depuis l’Europe (bien protégé contre les moisissures) ou confectionné sur le bateau. ;
les vitamines des fruits : cocos, bananes, oranges et surtout citrons dont le
jus était stocké dans des barils. L’apport de fruits frais riches en vitamine C était
indispensable pour éviter l’apparition d’une terrible maladie de carence, le scorbut,
caractérisée par des hémorragies, une anémie, des troubles gastro-intestinaux, des
déchaussements dentaires : en un mot, par une altération générale des différentes
fonctions de l’organisme. ;
l’eau potable, amenée d’Europe, croupissait rapidement à force de stagner,
entraînant l’adjonction de vinaigre, de citron et même de chaux vive. Après deux mois
de séjour en région chaude, malgré des tonneaux parfaitement étanches, des vers
blancs s’y développaient. Il fallait alors tenter de filtrer l’eau au travers de couvertures
de laine. On n’accordait qu’une confiance limitée à l’eau de pluie, certains capitaines
l’accusant d’être à l’origine de troubles intestinaux.